Journal du Festival de Gérardmer – Jour 2
- Stéphanie Valibouse
- On February 1, 2013
Pour l’instant, aucune oeuvre ne se distingue, et la sélection en compétition est particulièrement décevante. Remington and the curse of the zombadings nous laisse mi-figue, mi-raisin, tandis que The Bay sauve les meubles – étonnamment, au vu du fait que c’est un found-footage movie et que votre Filmosaure en a tellement bouffé qu’elle ne peut plus les supporter. D’ailleurs, The Conspiracy ne tient pas la comparaison. Situés aux deux extrêmes d’un spectre que l’on ne saura définir, Grabbers et Toad Road ne sauraient être plus différents, abordant pourtant chacun un vice…
GRABBERS – 6/10
On ne peut s’empêcher de sourire lorsqu’on évoque le synopsis de Grabbers : les habitants d’un petit village découvrent que le seul moyen d’échapper à l’attaque d’un monstre marin est de rester ivre en permanence. Petite comédie horrifique sans prétention, le deuxième long-métrage de Jon Wright rattrape avec une bonne dose d’humour le manque d’originalité de son scénario au dénouement prévisible. Les situations loufoques s’enchaînent, entrecoupées de réparties sympathiques. L’on regrette qu’il n’y ait pas eu plus d’effort fourni pour rendre l’ensemble plus inédit, mais on y passe un moment agréable.
THE CONSPIRACY – 2/10
Deux réalisateurs tournent un documentaire sur le conspirationnisme. Leur enquête tourne à l’horreur lorsqu’ils découvrent que la réalité a rattrapé la théorie. Alliant la docu-fiction au found-footage, The Conspiracy n’est ni intriguant, ni divertissant. S’appuyant sur des faits supposés réels, il déroule ses arguments déjà caducs dans une première moitié pénible et soporifique, pour accélérer dans un chaos renforcé par une qualité d’image désastreuse, travers de la plupart des found-footage. Agaçant, ce premier film de Christopher MacBride laisse un arrière-goût de profonde inutilité.
REMINGTON AND THE CURSE OF THE ZOMBADINGS – 5/10
Derrière ce titre saugrenu se cache une comédie Philippine tout aussi déjantée qui aurait pu aussi se nommer « Les aventures colorées de Remington au pays des gays ». Le film démarre sur un ton bon enfant et assez drôle, mais se crashe à mi-chemin, lassant à force de caricature, et surtout, tenant des propos assez ambigus.
L’on se rend compte que l’homosexualité est ici assimilée à une malédiction, ce qui passe difficilement même sous couvert de second degré ou de naïveté. Le malaise est renforcé par de nombreuses répliques et réactions soit traduites avec maladresse, soit reflétant un immense écart culturel, soit proprement scandaleuses (« Tu ne mérites pas d’être gay, bats-toi » ou « j’ai eu une vie bien remplie, je peux me sacrifier et devenir gay à présent »). Accordons-lui le bénéfice du doute et contentons-nous de ne pas le recommander.
THE BAY – 7/10
The Bay prouve à de nombreux égards que le found-footage n’est pas voué à la médiocrité. Il y a de l’espoir. Si elle n’est pas dénuée de défauts, cette reconstitution de la contamination d’une petite ville par une bactérie mangeuse de chair parvient à demeurer crédible et à nous maintenir en haleine (toutes proportions gardées, il s’agit tout de même d’un found-footage). Malgré quelques incohérences dues à la difficulté du genre comme l’ajout d’une bande originale ou un montage un peu trop sophistiqué, Barry Levinson relève ce défi avec aisance.
TOAD ROAD – 5/10
Film à micro-budget (et ça se voit) non dénué de charme, qui a l’essence du chef-d’œuvre mais s’étiole dans des scènes inintéressantes la majorité du temps. Toad Road met en parallèle l’usage de la drogue et les stades de l’enfer personnel dans lequel on peut s’enfermer à cause de ces substances.
Dommage que ce point, le plus intéressant du film, ne soit pas poussé plus loin et que les trois premiers quarts du film, dénués de tout scénario, nous forcent à conserver une position d’observateur extérieur et nous empêche de vraiment nous immerger dans l’univers tourmenté de ces adolescents. Cela dit, une photographie travaillée nous vaut quelque plans vraiment beaux, tandis que d’autres seront proprement angoissants, renforçant l’atmosphère quasi-expérimentale de l’ensemble.
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