Girls (2012)
Ma note : 7/10
Qui aurait cru qu’une jeune américaine de 24 ans serait à l’origine d’une série aussi décomplexée et sans tabou ? Pour couronner le tout, Girls fut dès sa sortie comparée à la désormais culte Sex and the City. Quatre copines new-yorkaises qui partagent tout, de leurs déboires sentimentaux et sexuels les plus gênants, à leurs – innombrables – problèmes existentiels de jeunes femmes privilégiées. Certes, dit de cette manière, la ressemblance semble frappante. Et pourtant il serait regrettable de s’arrêter à cette hâtive conclusion.
SYNOPSIS :
L’entrée dans la vie active de quatre jeunes filles d’une vingtaine d’années, de leurs humiliations à leurs rares triomphes. Hannah, l’éternelle stagiaire, rêve de devenir écrivain ; Marnie, sexy et un peu garce sur les bords, ne manque pas d’ambition; et Jessa, hippie dans l’âme, aimerait gagner sa vie de son art…
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Premier point aisément reconnaissable et que l’on pourrait même considérer comme le point clé de la série : les héros – deux sexes confondus – sont loin des canons de beauté au sex-appeal dégoulinant que l’on a l’habitude de voir. Ceci étant, ces derniers risquent nullement de se vexer puisque c’est définitivement la marque de fabrique de Lena Dunham, auteure et actrice principale de Girls. Un parti-pris plus qu’osé qui suscite des réactions pour le moins antinomiques et amusante: Certaines personnes vont voir cela comme une véritable révolution dans la lutte contre ces critères de beauté discriminants qui inondent nos médias à longueur de journée, et un espoir pour nous autres laissées pour compte condamnées à vivre dans une morne normalité. Quant aux autres, ils s’insurgeront violemment contre une telle exhibition de chaire molle et autres postures dénuées de l’élégance constante et caractéristique du monde merveilleux du petit et grand écran – le plus amusant étant que ces opposants sont autant féminins que masculins. En ce qui me concerne, j’aurais davantage tendance à rejoindre le premier clan, non pas pour les raisons activistes évoquées précédemment, mais pour la simple raison que le concept est avant tout original, plutôt gonflé, et déclencheur de moments plus que drolatiques.
Cet humour si particulier est clairement le second atout de la série. Loin des blagues récurrentes, potaches ou toutes faites, Lena Dunham et sa plume parviennent à nous faire rire uniquement – ou presque – à travers des situations improbables, absurdes voire embarrassantes, et surtout empreintes d’un réalisme qui ne peut laisser indifférent. Le tout enrobé de dialogues piquants délivrés par des personnages un brin déjantés, décomplexées et parfois même vulgaires, dont Lena Dunham, Jemima Kirke et Adam Driver sont les meilleurs représentants. “Décomplexé”, voilà un terme qui pourrait servir de slogan à cette série. Hannah ne cesse d’ailleurs de le prouver en dévoilant une nudité peu commune car aux antipodes de l’érotisme. Une nudité à outrance qui tend d’ailleurs à servir autant que desservir l’auteure et son bébé. Certes, elle sert une fois de plus la cause de la liberté et de la normalité, mais il est vrai que les occasions sont tellement fréquentes voire inopportunes qu’on en viendrait presque à se demander si la jeune Lena ne serait pas un tantinet exhibitionniste.
L’autre petit bémol de Girls réside dans le fait que son titre s’avère être quelque peu mensonger. En effet, ce dernier sous-entend clairement qu’il n’y a non pas une mais plusieurs héroïnes principales dont les vies respectives seraient mises en scène de manière plus ou moins équitable. Or, cet équilibre est ici quasi inexistant pour la simple raison qu’Hannah (Lenah Dunham) ne peut s’empêcher de tirer la couverture à elle. Certes, ses copines ont parfois droit d’exposer leurs petites histoires, mais elles finissent le plus souvent dans l’ombre laissant un arrière goût d’inachevé, non sans regret. Un constat d’autant plus frustrant que leurs personnalités bien trempées et distinctes sont plus qu’intéressantes et mériteraient vraiment que l’on s’y attarde. Girls aurait donc tout à fait pu s’appeler “Hannah” – hypothèse qui tend d’ailleurs à se renforcer au fil des épisodes. Tandis qu’une cohésion et une complémentarité émanent dans la première saison, nous offrant de très bons moments – souvent hilarants – et riches en rebondissements, le début de la deuxième saison se transforme vite en une sorte d’auto-introspection de Lenah Dunham, dont l’égocentrisme est parfois proche de la mégalomanie. Une démarche tellement personnelle qu’elle nous fait souvent osciller entre fiction et réalité – sans doute volontairement -, quitte à parfois instaurer une certaine distance entre l’auteur et un public qui peut avoir du mal à pénétrer cet esprit un brin torturé. Fort heureusement, Lena Dunham est capable de mettre à mal sa mégalomanie en tournant son personnage en dérision d’une façon remarquable et hilarante.
Dernier point contradictoire qui va sans doute contredire l’opinion générale et me faire passer pour une rabat-joie – que je ne suis pas- : Non, contrairement à ce que prônent moult articles depuis sa sortie, Girls n’est pas le reflet de la réalité. Car même si Lena Dunham fait un énorme pas en avant en s’exhibant avec une auto-dérision sans borne, je serais curieuse de connaitre le nombre de jeunes filles ayant tout juste terminé leurs études capables de vivre une vie new-yorkaise aussi confortable, pleine d’oisiveté et très loin de la dure réalité de la vie. Leurs problèmes sont bien plus légers que ceux d’une majorité, et appartiennent à une classe sociale somme toute aisée. Mais après tout, qu’importe ! Non seulement elle en a tout à fait le droit, et une série reste une série, et se doit donc de nous extirper de notre pragmatisme rabat-joie voire anxiogène.
Malgré ces faiblesses, il me semblerait assez juste de finir sur une bonne note. Girls est une série qui mérite d’être vue pour plusieurs raisons: C’est drôle, c’est frais, c’est bien joué, c’est trash, on ne les fantasme pas mais on s’identifie à elles dans les moments les plus dérisoires, on rit avec elles, on rit d’elles, de choses futiles mais bien réelles, et on voit une autre facette de New-York un brin plus authentique. Bref, on passe un bon moment. Et pour une première série au budget limité, on n’en demande pas plus. Mission accomplie. Du moins pour l’instant. Reste à voir si la deuxième saison sera à la hauteur de la première, ce qui ne semble malheureusement pas garanti pour le moment. Espérons que la série ne s’essouffle pas déjà en perdant son principal atout qu’est l’humour. Affaire à suivre donc.
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JUSTE CRITIQUE.
Un point que je rajouterai à ce tableau, c’est le poids de la prod sur la série qui biaise un tant sois peu la chose.
Très vite comparée à Sex & The City, c’est en partie parce que la série ne pouvait pas démarrer comme dans la saison 2. Tout HBO qu’ils sont, on sent au début de la série le besoin de cadre la gamine, de lui dire “attends attends, on va y aller molo au début”. Créneau tout trouvé donc, réalisme urbain, plus branché, plus jeune et plus brillant que S&TC.Sauf que tout ce ci est un leurre, et plus la série avance, plus Lena touche du doigt ce qu’elle voulait écrire et faire dès le début. Et là, plus rien à voir avec S&TC, fini le How To Make it in America au féminin, on casse les codes scénaristiques, tous les personnages n’apparaissent plus à chaque épisode, on est de plus en plus focus sur certains aspects de la vie de certains, avec cette question latente : “qu’est ce qui nous a poussé a être comme on est”. Apotéose avec les 3 derniers épisodes, dont 2 sont carrément des courts métrages centré sur un seul des personnages (Lena et son escapade amoureuse de 24h et dimanche dernier la blonde et ses rapports familiaux, qui commencent à donner pas mal de billes sur son comportement).
Pour conclure, je dirais que GIRLS est une série trompeuse, et ceci est un compliment, car bien plus brillante que ce qui l’avait pourtant caractérisée au départ. Et en aucun cas une ôde à la féminité gnan gnan comme pouvait l’être Sex and the City (la série la plus surrestimée de tous les temps).
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Bonne critique, collègue ! Il y a quand même quelques petites choses qui me dérangent…
“elle sert une fois de plus la cause de la liberté et de la normalité, mais il est vrai que les occasions sont tellement fréquentes voire inopportunes qu’on en viendrait presque à se demander si la jeune Lena ne serait pas un tantinet exhibitionniste.”
Je ne crois pas que Lena Dunham conçoit sa nudité comme un geste politique. C’est les spectateurs, tellement formatés par une représentation des corps totalement biaisée, qui trouvent ça politique – “ah bravo ! on voit enfin des corps normaux !” (ou “beurk !” mais ça c’est stupide, je reviens pas là-dessus). Pour elle, ça doit être totalement naturel, pas calculé de faire ça parce que bon, c’est son corps, celui qu’elle traîne au quotidien. Elle le montre car c’est ce qu’elle ferait dans les situations qu’elle s’écrit ou qu’on lui écrit. Quant au ratio de nu dans la série, je le trouve plutôt en accord avec le cachet authentique/réaliste : on est souvent tout nu ou partiellement dénudé dans la vie, quand même ! Et je préfère largement ça aux séries network où les gens restent tout habillés après une nuit d’amour torride…“L’autre petit bémol de Girls réside dans le fait que son titre s’avère être quelque peu mensonger.”
La saison 2 te contredit un peu. Qu’est-ce qu’on a eu récemment ? Un épisode tout entier seulement consacré à Shoshanna et Jessa, un épisode avec une grosse moitié sur Adam et l’amoureux de Shoshanna (alliance inattendue mais efficace) et un épisode (le plus récent) où on explore le passé de Jessa. Par ailleurs, Marnie a, dans la saison 1 et dans le début de la saison 2, un temps d’antenne aussi important que Hannah – autrement dit, le titre Girls reste approprié, même si c’est 2 girls au lieu de 4 ^^ Moi je dirais plutôt que Duhnam raconte à peu près ce qu’elle a envie quand elle a envie, et je trouve ça sain qu’elle ne se force pas à parler de tel ou tel personnage quand elle a rien à dire sur lui. Certaines séries devraient en prendre de la graine…
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