Wetlands (2014)
Review Overview
Note
8Drôle et décomplexé, Wetlands assume un côté erotico-trash poussé pour mieux explorer les névroses de sa fragile héroïne et dénoncer l’aseptisation excessive de notre société contemporaine.
Lorsque Zones humides (Feuchtgebiete) sort, l’ouvrage controversé de Charlotte Roche suscite les plus vives réactions, dont la suivante : “quiconque jouant le rôle principal dans un film adapté de ce récit est une disgrâce à l’espèce humaine.” Comme autant de provocations de David Wnendt, ces réactions fièrement affichées à l’écran dès les premières secondes annoncent la couleur. Ayant lu en prime le résumé proposé par l’Etrange Festival, on s’attend à une oeuvre glauque et racoleuse, justifiant les rumeurs de scandale émanant de son passage à Locarno et Sundance.
Mais le deuxième long-métrage de David Wnendt, qui a déjà dressé un portrait de jeune femme atypique dans Guerrière, embrasse son aspect résolument crade avec une légèreté rafraîchissante, beaucoup d’humour, et de réels sentiments. Helen est une demoiselle fort à l’aise avec sa sexualité et tout ce qui a trait aux fluides humains, qu’il s’agisse de cérumen, de sperme ou encore de sang menstruel. Certaines de ses actions ont effectivement le don de nous faire crisser des dents tant elles nous paraissent répugnantes ou dangereuses – comme de manger les fluides susnommés à toute occasion ou se frotter allègrement l’entrejambe sur les toilettes publiques.
Après une séance de rasage intime qui a mal tourné, Helen se retrouve à l’hôpital, avec l’occasion de réfléchir sur son existence et de continuer ses sympathiques habitudes comme elle le peut dans un environnement aussi propre et règlementé, tombant amoureuse d’un infirmier au passage, et faisant les frais d’un médecin arrogant et sexiste. Son séjour à l’hôpital est motivé par des blessures taboues mais pouvant arriver à n’importe qui – fissure anale et hémorroïdes ne sont pas une partie de plaisir mais Helen en parle sans aucune gène, avec une franchise aussi déconcertante que touchante.
Issues d’une famille dysfonctionnelle avec un bad parenting à haut niveau, Helen cristallise les réactions face à une société trop aseptisée, où la chasse aux bactéries fait de l’hémisphère nord un vivier d’hypocondriaques. La mère d’Helen en est un individu particulièrement tenace, obsédée par la propreté et projetant sur sa fille sa dépression, ses névroses obsessionnelles ainsi que ses propres croyances selon lesquelles il ne faut faire confiance à personne. Un père affectivement absent complétant le tableau, Helen finit par représenter cette génération sacrifiée au divorce des parents.
Wetlands ne se départit jamais de son humour tout en créant une héroïne attachante malgré ses habitudes peu ragoûtantes. On ne manque pas d’être bousculé sur nos petites inquiétudes du quotidien, comme ces gens qui angoissent à l’idée de ne pas porter de sous-vêtements immaculés en cas d’accident qui les mènerait à l’hôpital – comme si les médecins, en cas de blessure grave, se focalisaient sur ce type de détail.
Comédie provoc’ et décomplexée, Wetlands dédramatise la sexualité et l’aspect du corps humain dans une société à la recherche de la perfection illusoire.
Synopsis
Helen est une adolescente non-conformiste qui entretient une relation conflictuelle avec ses parents. Passant la plupart de son temps à traîner avec son amie Corinna, avec qui elle transgresse un tabou social après l’autre, elle utilise le sexe comme un mode de rébellion et casse la morale bourgeoise conventionnelle. Après un accident de rasage intime, Helen se retrouve à l’hôpital où il ne lui faut pas longtemps pour faire des vagues.
-
Bonjour,
Où trouver ce film ? Je suis prêt à l’acheter mais uniquement en version numérique.
Comments