Mobile Film Festival 2013
En me rendant à cette édition 2013 du Mobile Film Festival, évidemment je m’attendais à de l’originalité et quelques surprises.
Après tout, il faut une bonne dose d’imagination pour produire un rendu intéressant en seulement une minute et avec comme seule arme son smartphone. Et bien sachez que la surprise et le plaisir furent bien au rendez-vous, et bien plus encore !
Tout d’abord, un peu d’explication sur le Mobile Film Festival pour ceux qui ne connaissent pas. Le concept est assez simple, 1 mobile, 1 minute, 1 film ! Ce festival a vu le jour il y a 8 ans et se développe de plus en plus avec aujourd’hui de beaux partenaires comme BNP Paribas, Télérama ou encore Dailymotion et Ulule qui permettent au Festival de grandir et de récompenser les jeunes talents.
Comme l’a très justement dit Gad El Maleh, qui était Président du Jury de ce MFF : “Je suis le Président des films d’une minute, mais surtout des meilleurs.” Et je suis totalement d’accord. J’ai vu bon nombre de films ce soir là qui, en une minute, pourrait donner de vraies leçons au petit cercle du cinéma français.
DU TALENT A REVENDRE
Il faut savoir qu’il y a eu plus de 700 films proposés pour 50 sélectionnés. Nous avons donc eu droit à un condensé de 50 minutes de talent.
Que ce soit au niveau de la prouesse technique comme avec le prix spécial du jury qui nous montre une palette d’effets spéciaux dignes d’un District 9, la difficulté d’un plan séquence pour Tactile, ou bien encore le talent des acteurs de Transport en commun qui, du fait de leur talent, ont motivé le jury à modifier le prix du meilleur acteur pour en faire un prix de groupe pour l’occasion !
Un des meilleurs exemple de tout le potentiel qui se cache dans ces jeunes talents est le court-métrage réalisé par le gagnant du Mobile Film Festival 2011, Benjamin Busnel : On s’y met (aussi écrit “On 6 mai“) produit par Easy Tiger Production et Canal +.
Sous fond d’élection électorale, il met en scène avec une précision technique épatante, un jeune couple pittoresque, décalé, hilarant, sexy et touchant à la fois ! De jeunes acteurs vrais et frais et pleins de fraîcheur, bref, un vrai plaisir du début à la fin ! J’aurais adoré vous procurer la vidéo malheureusement il n’est pas encore disponible…
Mais ce n’est pas tout, cette année aussi nous a réservé son lot de surprise, à croire que l’on peut faire beaucoup avec seulement une minute.
Il y a eu 50 films présentés, et si je m’écoutais, je vous présenterais la moitié d’entre eux mais je vais me contenter de deux d’entre-eux, le prix de la mise en scène avec Tactile et le prix du meilleur film, lauréat de cette année, 1 minute de silence.
TACTILE
Tactile est pour moi ne prouesse au niveau de la mise en scène. Filmé en un seul plan séquence d’une minute, c’est une démonstration de talent à l’état brut. Pas d’artifice, pas de retouche, pas de cut, rien. Un plan, une minute, et ses acteurs. Le jeune réalisateur a ici réussi à faire en une minute avec un téléphone ce que bon nombre de “pro” sont incapable de faire avec un matériel supérieur. Alors je dis bravo, et imaginez ce que l’on pourrait voir si l’on donnait les ressources à un tel talent ?
UNE MINUTE DE SILENCE
Le Prix du Meilleur Film, ici amplement mérité. Non seulement il a rempli la contrainte technique d’une minute mais s’en est en plus imposé une autre : le silence ! Et comme si cela ne suffisait pas, Guillaume Renusson, le jeune réalisateur, a décidé de traiter d’un sujet extrêmement délicat : l’abus sexuel d’un jeune enfant par son grand-père.
Je résume donc : 1 mobile, 1 minute, du silence, un sujet touchy. Le résultat est juste fantastique.
Guillaume a choisi d’incarner la solitude, la tristesse et le silence dans lesquels sont enfermées les victimes à travers un enfant sourd et muet et une dispute avec son frère qui lui reproche le coma de son grand-père et menace de le dénoncer. Véritable coup de génie donc, avec une minute tellement pleine d’émotion et de justesse, qu’elle vous parait passer comme 5 et vous met la boule au ventre, la larme à l’oeil. On en redemande. Un pari risqué donc et réussi haut la main.
UN FUTUR BRILLANT
A ce Mobile Film Festival 2013, j’ai donc eu l’impression d’avoir aperçu le futur du cinéma français, ou du moins ce qu’il pourrait être si les acteurs de l’industrie, boîtes de production et autres décidaient de s’y intéresser et donner leur chance à tous ces jeunes talents. Heureusement, il y a des acteurs comme Canal +, Easy Tiger ou BNP Paribas qui suivent ce festival de près, et j’espère vraiment que de plus en plus suivront pour que l’on puisse enfin (je parle pour moi) être à nouveau fier du cinéma français !
Bon à savoir, NRJ 12 diffusera cette semaine les films des gagnants que vous pouvez retrouver ici et évidemment tous les autres films sont accessibles sur le site du MFF : http://fr.mobilefilmfestival.com/
En espérant donc que beaucoup de ces “petits” deviendront grands…
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Un passage de l’article retient particulièrement mon attention: la critique de Une minute de silence. Mérité? Pas à mon sens. Le sujet est bateau, on dresse d’entrée un cadre qui sera propice au déroulement d’une scène dont l’horreur ne peut s’exprimer que dans ce contexte de petite bourgeoisie catholique, sûrement propre au réalisateur puisqu’on le retrouve dans son court-métrage précédent “Un retour en avant”, dernier lieu où l’inceste peut encore passer comme délicat.
Tout est réuni pour livrer un tableau que je trouve indigne d’avoir reçu une telle nomination: la petite famille bien coiffée qui n’a rien d’autre à faire de son après-midi que de prier à la table du déjeuner le tout dans un silence qui se veut oppressant mais qui au final énerve plus qu’autre chose, à grand coup de gestuelle qui signe un dialogue dont la chute est si évidente que la scène nous parait effectivement durer 5 minutes avant qu’ils n’y parviennent laborieusement à coup de facilités du scénario un peu déconcertante: le gosse a plongé papy dans le coma? Juste comment? Le seul moyen que j’ai envisagé serait une poussée dans les escaliers, et auquel cas ce qui me noue le ventre c’est de savoir qu’en plus de cas de pédophilie incestueuse on a aussi un futur psychopathe dans la famille.
Je passe sur le plan final inutile de la soeur atterrée par ce qu’elle vient de découvrir, peut-être pour nous faire comprendre, à la manière des rires enregistrés des séries américaines, que c’est à ce moment qu’il faut ouvrir la bouche d’effroi. Tout est attendu dans ce très court métrage, ce qui est plutôt dommage sur un film d’une minute… au final, un format 90 minutes nous donnerait un bon téléfilm France 3 du mardi soir ou le début d’un épisode de L’instit’. Mais il est toujours très admirable de récompenser des oeuvres “humaines et poignantes qui abordent finement quelques thématiques chocs de notre temps”. Arrêtons les frais…
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