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Filmosaure | December 2, 2019

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11 Comments

Warm Bodies (2013)

Warm Bodies (2013)
Stéphanie Valibouse

Ma note : 8/10

Warm Bodies est une adaptation du roman éponyme d’Isaac Marion, réalisée par Jonathan Levine (All the boys love Mandy Lane). Sa particularité principale est de faire cohabiter avec succès deux genres a priori incompatibles : le film de zombie et la comédie romantique.

SYNOPSIS 

Un mystérieux virus a détruit toute civilisation. Les rescapés vivent dans des bunkers fortifiés, redoutant leurs anciens semblables devenus des monstres dévoreurs de chair. R, un mort-vivant romantique, sauve contre toute attente Julie, une adorable survivante, et la protège de la voracité de ses compagnons. Au fil des jours, la jeune femme réveille chez lui des sentiments oubliés depuis longtemps… Elle-même découvre chez ce zombie différent autre chose qu’un regard vide et des gestes de momie…

ROMERO ET JULIETTE

Malgré son thème et la manière dont le marketing s’est emparé du phénomène, l’écriture d’Isaac Marion n’est pas du tout comparable à celle d’un Twilight. Warm Bodies fait pourtant partie de ces œuvres repérées sur Internet et qui risquent de se transformer en machine à fric d’une intolérable nullité (coucou 50 Shades of Grey). Mais il n’en est rien. Isaac Marion a su faire de sa nouvelle en ligne I Am A Zombie Filled With Love un roman riche, au style agréable et porteur d’un véritable message sociétal. Truffée d’hommages à Shakespeare, l’histoire est porteuse de références à Roméo et Juliette, jusqu’aux patronymes de ses personnages (R., Julie, Perry, M.) mais ceci sans trop en faire ni agacer.

Jonathan Levine, qui s’est déjà respectivement frotté à l’horreur et au romantisme avec ses deux premiers films, All the boys love Mandy Lane et Wackness, réussit finalement à faire cohabiter trois genres : comédie, romance et horreur. Warm Bodies est un film rafraîchissant qui casse les codes en sortant des schémas habituels du film de zombie, en frôlant le subversif de par son sujet principal, une histoire d’amour entre un mort et une vivante. Finalement, il s’agit bien moins d’un film d’horreur que d’une comédie romantique : ne pas s’attendre à avoir peur. Les seules sensations fortes ressenties lors du visionnage seront des bouffées d’un optimisme invétéré pour l’avenir de humanité.

warm bodies zombie evolution

La majeure partie du film de Jonathan Levine sait capturer la substance du livre, que ce soit le destin tragique des zombies ou l’autodérision menée en permanence par R., avec une excellente gestion de la narration interne menée par le héros. L’on regrette en revanche une fin raccourcie et légèrement modifiée, probablement pour être adaptée à un certain type de public, passant à côté de quelques scènes cruciales et surtout d’une partie du message qui faisait la force de la réflexion menée par Isaac Marion. Une adaptation réussie donc, mais dont le parti-pris scénaristique du dénouement pénalise la profondeur.

Fin presque expéditive mise à part, Warm Bodies est un concentré de bonheur. Levine pratique le second degré avec facilité, mais toujours sans lourdeur, avec de nombreux comiques de situation liés à la condition zombiesque du héros : lenteur, démarche, regard, etc. Ces éléments, liés à une volonté d’être plus humain et à des situations d’ordre romantique, créent un contraste assez irrésistible. Comment draguer lorsque l’on est mort (« don’t be creepy, don’t be creepy, don’t be creepy »)? Comment jouer au baseball ? Les zombies sont en conséquence plus touchants et drôles qu’effrayants. Globalement, le film ne se prend pas au sérieux, s’auto-caricaturant même (avec notamment un ralenti complètement ridicule en pleine scène de bataille) de manière complètement assumée.

warm bodies nicholas hoult

Et l’alchimie fonctionne sans sombrer dans la niaiserie car ces personnages sont aussi dotés d’une infinie mélancolie. Où le reste du monde a perdu son quotidien, ils ont perdu leur passé. Ont-ils une chance de rédemption ? Ce thème de la rédemption aussi applicable à ces créatures qu’à l’être humain est une valeur forte de Warm Bodies, accompagné de celui de l’impermanence des choses. « More alive means more trouble » affirme R. à propos d’un vinyle – ou est-ce à propos de Julie, ou encore de la vie en général…

Warm Bodies est porté par un casting sympathique : Nicholas Hoult tout d’abord, aperçu dans X-Men : le commencement en tant que Beast, est assez crédible en zombie, humain, ou encore zombie imitant l’humain. Analeigh Tipton, jouant Nora, est quant à elle un petit concentré de vie, montrant bien plus de personnalité en quelques scènes que Teresa Palmer (Julie) en un film entier. Mais pourquoi avoir éludé que le personnage de Nora était, à la base, afro-américain ? A noter également, Rob Corddry, touchant dans le rôle de M, et un Dave Franco qui ressemble terriblement à son frère (pour notre plus grand bonheur).

warm bodies jonathan levine

Deux derniers points positifs et pas des moindres : sa bande originale Rock n’Roll souvent inspirée des années 80, et sa photographie agréable. Les flashbacks, en l’occurrence, sont assez soignés, et ce bien plus que ceux du film Sublimes Créatures qui massacraient des scènes cruciales à l’histoire. Entre filtres rétros, ambiance eighties et le style débraillé post-apocalyptique des héros, on frôle le hype sans trop s’y attarder.

Warm Bodies est donc un film attachant malgré la simplicité de son sujet, relevé par de nombreux traits d’humour, un casting sympathique et une musique sans défaut. On en ressort avec une furieuse envie de vivre.

Comments

  1. Xavier

    Ta critique m’interpelle.

    En effet, j’en avais lu/vu des beaucoup moins dithyrambiques, pour ne pas dire incendiaires, de la part de spécialistes du film de genre.

    Fan de zombie depuis bien avant que c’en soit la mode, je suis aujourd’hui plus que circonspect devant l’exploitation mercantile du concept qui tiens du “puisque ça plait au gens du coup on va pouvoir se faire une tonne de fric en leur vendant des bidons de lessives et on s’en fout que ce soit de la merde” (Je pense, notamment à la saga Resident Evil)

    Je ne me prononcerait pas sur les qualités artistiques de ce film que ne j’ai pas vu et résumerai ma question à :

    Puisque selon toi il s’agit de second degré et de nouveau point de vue (par opposition/hommage à Roméro, ou plus récemment à Boyle, dont il s’agirait d’utiliser les codes et de les détourner), qu’est ce que ce film apporte par rapport à un Shaun of the Dead, un Juno ou un Bienvenue à Zombieland ?

    Merci d’avance.

    • Bonjour Xavier et merci de ton intérêt. Je te rejoins sur l’exploitation mercantile de certains succès qui ne se limite pas aux films de zombies, mais effectivement la saga Resident Evil en est un exemple criant (je les ai tous vus à mon grand regret et m’abstiendrai probablement d’aller voir le prochain).

      J’expliquerais la réaction des spécialistes du genre (dont je n’estime pas faire partie) en ce fait que, comme je le dis dans ma critique, Warm Bodies est bien moins un film de zombies qu’une romance au final. Les codes de la comédie romantique y sont bien plus forts et exploités que ceux du film de zombie – quasi inexistants si ce n’est leur présence. Lorsque je parle de mélange des genres, c’est que le pari était difficile à relever avec un tel sujet, et que Levine s’en sort assez bien de mon point de vue. Je ne suis pas étonnée cependant que les adeptes du film de zombie “classique” aient été déçus car ce n’est pas le but du film que d’y ressembler.

      Pour ma part j’ai été enchantée, pour toutes les raisons que je cite, et bien que respectant ce modèle préétabli (Romero ou plus tard Danny Boyle qui a donné un bon coup de fouet au genre, ou même les deux comédies horrifiques que tu cites) (je viens de réaliser en relisant ton commentaire que j’ai utilisé exactement les deux mêmes exemples que toi donc j’ai l’air un peu bête), j’ai apprécié de voir le personnage du zombie bénéficier d’un traitement différent, avec une histoire se déroulant de son point de vue (c’est LA grosse différence entre ce film et les autres : le point de vue narratif). On pourrait le qualifier de fade ou girly, d’édulcoré ou de niais, pour ma part ce film m’a donné la pêche, et je note presque autant avec mon coeur qu’avec ma raison. Je tiens à préciser que je l’ai regardé avec encore en tête tout le livre que j’avais lu avec plaisir ; peut-être cela a-t-il influencé inconsciemment mon appréciation du film.

      J’espère que ces maigres explications te conviendront, bien que n’étant une fois de plus pas une “spécialiste” (je t’invite à lire la section “about” du blog).

      Bonne soirée.

      • Xavier

        Merci pour ta réponse.

        J’espère que mon premier commentaire ne t’as pas paru abrupt et que tu ne l’as pas pris pour une critique personnelle.

        je suis un lecteur assidu car justement tu n’es pas une spécialiste (ceux-sont trop souvent prompt à monter un film aux nues ou à le descendre en flammes).

        Je ne suis certes pas toujours d’accord avec ton analyse des films mais je prends ton avis en compte pour mes choix de cinéma car, malheureusement, je n’ai plus autant le temps, ni le budget pour y aller autant que je le souhaiterais.

        Ma question était sincère: car un film de zombies c’est toujours tentant. Le genre Comédie Romantique avec les zombies avait déjà été vu avec les 3 films que j’ai cité. D’ailleurs, même si j’en reconnais l’intérêt, je n’avais pas aimé Fido qui traite bien du zombie apprivoisé.

        C’est in intérêt franc qui m’a poussé à te demander ce que tu as trouvé à ce film car les critiques que j’avais lu étaient diamétralement opposées pour ne citer que celles qui me reviennent ce matin :
        – Histoire niaise,
        – Comportement incohérent des zombies qui évolue pour les besoins du scénario mais sans conséquences logiques (ils ne peuvent pas parler, puis ils parlent (à noter que le seul concept du zombie qui parle m’inquiète); ils errent sans but et d’un seul coup en ont un; ils ne peuvent que traîner leur misérables carcasses et d’un seul coup se mettent à courir…)
        – Nicholas Hoult (que personnellement j’avais beaucoup aimé il y a 10 ans dans Pour un garçon) ne sait pas, mais pas du tout, jouer le zombie

        C’est pour cela que lorsque tu écris que le film est très bon, je me dis que je vais peut être changer d’avis pour aller le voir, mais compte tenu de mon affection pour le genre, je me suis permis de demander des explications complémentaire.

        Pour ce qui est du ressenti d’un film par rapport à un livre, je te renvoie à mon commentaire de l’an dernier sur Hunger Games, à propos duquel mon opinion à évolué aujourd’hui mais qui était alors faussée par le plaisir que j’avais eu à lire le livre à l’époque (je me sens comme ‘une fanne de Twilight là…)

        En tout cas, merci pour tes explications et bonne continuation.

        Bonne journée

        PS: Je suis bien conscient que l’exploitation mercantile n’est pas limitée aux films de zombies mais je dois avouer que je tombe plus facilement dans le panneau (et suis en général moins outré) pour ce qui est d’autre genres dont je suis moins fans ou pour lesquels cela me gène moins.

        • Hello Xavier,

          Pas de souci pour ta question, je ne la prenais pas mal du tout. Je précise ne pas être une spécialiste car parfois j’ai droit à des remarques sous entendant que mon contenu ne convient pas à une critique professionnelle, or ce n’est pas le cas (donc c’est normal). 🙂

          En ce qui concerne les remarques de tes amis, j’y réponds juste brièvement sans te spoiler :

          – Histoire niaise : l’histoire et sa morale (love beats everything) peut effectivement froisser les esprits les plus cyniques. Je les invite à lire le livre qui leur offrira probablement une perspective moins “simplette” et et dont le dénouement est moins optimiste que celui du film, adapté à un public plus adolescent donc édulcoré (sans être du Twilight hein.)
          – Comportement incohérent des zombies : qui a décidé de la manière dont les zombies devaient se comporter ? Avant Boyle, les zombies étaient des créatures lentes et malhabiles. Quant à leur capacité à soudainement parler, il s’agit d’un des éléments clés du film et de leur évolution, j’en conclus qu’ils n’ont tout simplement pas aimé le scénario qui brisait trop de conventions du zombie “classique”. Et tout comme la “maladie des zombies” s’est étendue sur le monde sans qu’ils sachent pourquoi, la “maladie de la vie” tout aussi contagieuse reprend le dessus. On pourrait aussi mettre ça sur le compte de l’Evolution (une évolution très rapide certes). Une fois de plus, il faut se départir de son cynisme pour accepter cette idée.
          – cf. réponse 2. Le zombie de Warm Bodies est différent.

          Fiou, j’arrête là. j’ai tenté de rester assez vague pour ne pas te gâcher le film si tu décidais d’aller le voir.

          Bonne journée !

  2. “Sa particularité principale est de faire cohabiter avec succès deux genres a priori incompatibles : le film de zombie et la comédie romantique” Et Shaun of the Dead alors ? ='(

    • Je n’ai pas dit que c’était le seul… ^^ pour ma part je n’ai pas vu Shaun of the Dead (encore un des rares films de zombies manquant à mon actif) mais il s’agit plus d’une comédie horrifique que d’une comédie romantique non ?

      • Xavier

        Ah non!

        Shaun of the Dead est une comédie romantique!

  3. Voilà je sors de la séance.

    J’en avais vu des extraits, lu quelques critiques ici et là (surtout ici).

    Pas spécialement adepte du concept ‘zombie’ mis à part ‘The Walking Dead’, j’étais certain de ne pas trouver des scènes horrifiantes ; ce qui m’a attiré c’est l’analogie inverse. En effet, d’habitude on combat les zombies pour éviter de se transformer, dans ce film cette tendance est écourtée à son minimum car le rencontre entre R et Julia arrive assez rapidement.
    Du coup soit la narration de R est conceptuelle, soit elle affiche de suite que celui-ci est doté d’emblée d’une réactivité aux événements qui l’entourent, et donc particulier par rapport à ses congénères zombies !!!

    R se positionne différemment lorsqu’il dévore un vivant puisqu’il lui mange une partie spéciale du corps pour qu’aucune transformation ne s’opère (1ère dose d’humanité)
    R se nourrit de cette substance pour ‘s’approprier’ des souvenirs (2ème dose d’humanité)
    R fait ensuite le lien entre ce qu’il a vu et Julia donnant l’élan nécessaire à sa nouvelle vision ‘humaine’

    Je ne vais pas raconter le film non plus…

    Bref, j’ai passé un moment agréable…bien romancé

    (moi pas critique LoL)

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