Prince of Texas (2013)
Review Overview
Note
5David Gordon Green hésite entre le contemplatif, la comédie et l’étrange dans ce singulier Prince Avalanche dont on cherche toujours à décrypter le titre.
La forêt de Bastrop State Park n’est pas qu’un coin de nature perdu et enchanteur où le silence fait écho aux murmures des feuilles caressées par le soleil. C’est aussi un lieu hanté par le traumatisme d’incendies ravageurs, un havre de paix habité par la mélancolie des souvenirs perdus. Et si la vie a repris le dessus, les séquelles sont là, sous forme de foyers décharnés qui n’ont jamais eu droit à la reconstruction méritée.
Au sein de ce décor à la personnalité marquée, Alvin (Paul Rudd) et son beau-frère Lance (Emile Hirsch) que rien ne rapproche si ce n’est que l’un a épousé la sœur de l’autre, tracent des lignes de peinture jaune sur les routes solitaires du Texas. Alvin, taciturne et terre-à-terre, s’exile tout l’été à travailler pour le bien de sa famille (dé)laissée à des centaines de kilomètres de là, tandis que Lance, qui peine visiblement à quitter l’adolescence et se complaît dans l’oisiveté, ne rêve que de sorties et de filles – qu’il compte bien rejoindre les week-ends.
Sans avoir vu le film d’origine, un film islandais de 2011 intitulé « Either way », difficile de savoir quelle est la réelle valeur ajoutée de ce remake qui semble extrêmement fidèle. Quoiqu’il en soit, David Gordon Green semble hésiter quant à la direction à adopter, tiraillé entre une histoire d’amitié teintée de comique sur laquelle se porte la majeure partie de notre attention, et un film contemplatif virant presque au fantastique, lorsque les protagonistes errent dans les limbes de la solitude, dans cet espèce de triangle des Bermudes forestier qui aurait gagné à être mieux exploité.
Les caractères opposés des deux héros provoquent de nombreuses situations que l’on jugera plus absurdes que drôles, et il serait exagéré de qualifier Prince Avalanche de comédie. Il est vrai que ce duo improbable a quelque chose des tandems de dessins animés à la Tex Avery (voire même un petit côté Des souris et des hommes) mais si Paul Rudd convainc à peu près, Emile Hirsch demeure anecdotique. Quelques sourires se dessineront, mais probablement pas grand-chose de plus ; quelques moments d’émotion aussi lorsque le chemin de Lance et Alvin croisera celui de personnages tout aussi solitaires qu’eux.
Que retirer de Prince Avalanche, si ce n’est que quelques beaux plans pseudo-malickiens (c’est la mode) rendant hommage à la faune et flore des forêts américaines, sa musique entraînante, et des âmes esseulées que la solitude rapproche. Mais aussi, malheureusement, un peu d’ennui et un sentiment de potentiel inexploité.
Synopsis
Eté 1988. David et Lance travaillent ensemble sur les marquages d’une route endommagée par le feu. Tandis que l’un se languit de sa jeune épouse, l’autre ne pense qu’aux fêtes et aux filles...
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