Ilo Ilo (2013)
Review Overview
Note
3Inexplicable Caméra d’Or au 66ème Festival de Cannes, Ilo Ilo se veut chronique touchante et intimiste d’une famille de la classe moyenne Singapourienne touchée par la crise économique de 1997. Si le fond demeure intéressant, la forme est agaçante et plombée de clichés.
Anthony Chen ne s’en cache pas : inspiré par sa propre enfance, il rend hommage à la nounou Ilongga (originaire d’Ilo Ilo) qui l’a élevé. Le film est donc focalisé en grande partie sur la relation tumultueuse entre Jiale, écolier insolent et gâté, et sa nourrice Terry, fraîchement arrivée des Philippines pour pallier l’absence des parents. Ceux-ci consacrent leurs journées au travail et tentent de gérer, chacun à sa manière, la folie de licenciements en masse qui s’est emparée des entreprises du pays.
La présence de cette nouvelle arrivante est prétexte à aborder de nombreux sujets parallèles à cette fameuse crise, qui n’est pas le propos principal du film, et notamment une forme de racisme et d’étroitesse d’esprit envers Terry, qui se voit confisquer son passeport, accuser dès lors que quelque chose cloche au domicile, et traitée avec condescendance par les membres de cette classe moyenne au sein de laquelle elle évolue.
Sur ce contexte probablement serti d’une grande authenticité tirée de l’expérience personnelle du réalisateur, mais déjà traité sans grande originalité, le réel intérêt est donc porté sur l’évolution des rapports entre la patiente Terry et l’insupportable Jiale. Mal élevé, malpoli, voire violent, l’enfant reflète un des problèmes principaux du film : cette incapacité à faire ressentir de l’empathie envers les différents protagonistes. Les frasques de Jiale, loin de nous amuser, n’inspirent en nous qu’une irrésistible envie de lui filer des claques. Le père est un lâche, la mère est une bigote nourrie de préjugés envers la différence, et la seule personne inspirant un peu de sympathie est Terry elle-même – sympathie certes, mais toujours sans l’émotion que l’on sait devoir éprouver sans y arriver. Et ‘on regrette de ne voir plus de profondeur dans les échanges entre les protagonistes, ou plus de nuance dans la relation entre Terry et Jiale qui n’est généralement qu’une succession de malaises bien loin du souvenir ému que l’on est censé lire.
Car c’est là l’autre défaut majeur d’Ilo Ilo, un manque flagrant d’émotion malgré les nombreuses ficelles qui nous sont infligées et que nous savons être une invitation au sourire ou aux larmes. C’est agaçant, pesant et niais. Le même type d’oeuvre réalisée aux Etats-Unis n’aurait récolté qu’un anonymat mérité, mais l’exotisme a ce don de faire passer pour un chef-d’oeuvre ce qui n’en est pas un. C’est clairement le cas d’Ilo Ilo.
Synopsis
A Singapour, Jiale, jeune garçon turbulent vit avec ses parents. Les rapports familiaux sont tendus et la mère, dépassée par son fils, décide d’embaucher Teresa, une jeune Philippine. Teresa est vite confrontée à l’indomptable Jiale, et la crise financière asiatique de 1997 commence à sévir dans toute la région…
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